à Nadine Kobiakova
1 (151)
Les selles de saphir me trahissent
elles te trahissent comme la surface sur laquelle tu marches mais ne peux pas te tenir
La roue que tu tourne de jour en jour te remporte je ne sais où
mais tu demeures immobile
aujourd’hui comme demain
et tu n’iras nulle part hier
C’est un miroir sans réflexion
et la seule chose qui s’y reflète c’est toi
Mais tu me chasses, tu me chasses, tu me chasses
et les gouttes sur les vitres,
tu les auras bues sans moi.
Les mains sont crispées,
mais je ne peux pas pour quelle raison
peut-être pour une prière
peut-être à cause du froid
mais peut-être pour tout simplement te battre dans ton visage indifférent qui m’adore
Et cette roue que tu tournes ne te permettra jamais d’en ressortir car c’est un cercle vicieux que tu aimes
2 (152)
Je ne me rappelle plus, mais cette nuit-là, je l’ai peut-être passée avec une jeune fille que je tant désirais, ou peut-être la nuit était passée sans que je l’aie une fois vue dans ma chambre, mais j’avais ma tête pleine de brouillard le matin. Je n’en sais rien, j’étais sorti de ma maison et j’ai vu que la sakoura fleurissait d’une folie folle, et je n’étais point sûr que ces plantes poussent au Canada, je ne me rappelle plus, si les fleurs était blanches, roses ou peut-être bleues.
La seule chose dont je me souvienne, c’est deux triangles qui s’interposaient sur son cartable et son buste que je tant rêvais de lécher avec mes lèvres. Mais elle me regardait avec un œil hautain et je retombais dans le brouillard chaque fois que les équations avaient plus que quatre inconnus.
J’étais devenu taxiste et j’attendais qu’un jour je la reverrais en sortant de sa maison pour venir prendre le taxi qu’elle commanderait. Mais le pingouins sur les branches s’interpellaient avec les corbeaux. Un jour je l’ai revue. Elle ressortait d’une maison luxueuse. Mon cœur se mit à battre dans une folie. Ah enfin.
Elle retombera dans mes bras.
Elle s’assit sur la place de fond.
-Où allez-vous ? – lui demandai-je.
-On attend une seconde. Vous conduirez sans vous tourner et couvrez les rétroviseurs.
Je le fis. Il la rejoignit et on se dirigea vers un hôtel. Les sons que j’attendais le long du trajet m’étaient compréhensibles. Les taxistes sont si souvent témoins des choses pareilles. Mais aujourd’hui c’était elle dont je rêvais il y a quatorze ans à l’école. Je détournai la voiture et la conduisis vers une falaise, je lui donnais des coup de pied dans la poitrine, je lui crachait dans les yeux, mais il était mou comme un cochon abattu.
Enfin, je l’ai jeté dans un torrent qui coulait au-dessus de la falaise. Le sang était invisible dans les ténèbres, mais l’on attendit tomber à plat ventre. Elle était en pâmoison. Je me jetai dans la voiture pour la posséder. Quand je vis son visage de tout près, je compris que ce n’était pas elle.
Pour me calmer, je trouvai ma petite bouteille en plastique et je bus à grandes gorgée. Je tuai un homme. La sakoura du Canada n’avait plus d’importance que mon existence. Le plus grand crime commis, je violai la femme que je n’aimais guère.
C’est ainsi que j’ai perdu ma virginité.
3 (153)
Les dieux des bois sont endormis dans mes bras et les tourbillons sont nés dans les vents qui vivent dans les caves,
C’est triste mais quand tu étais sortie des ténèbres ta petite flûte à la main, j’ai senti les vagues qui se jetaient sur les sols de mes pieds.
Tu me chantais des chansons que je ne pourrai jamais transcrire sur du papier à musiques, tu m’offres des perles que tu caches dans des grottes, mais je ne pourrai jamais les vendre car aucun juvelier ne me croira qu’elles sont vraies.
Les perles se transforment dans des mots que j’écris ; et ses mots sont absurdes ;
Les perles se transforment dans des sons que je chante ; mais les mélodies sont maladroites et peu peaufinées ;
Les dessins que je fais font rigoler tous mes amis…
Hé ! tu te caches dans ce lac
Sors, tiens tout cela que j’ai fait, je te l’offre
Mais le lac me répond quand j’y jette une pierre :
clac… clac
4 (154)
Les émotions viennent comme des songes quand on est enfant.
Les songes viennent et perturbent les émotions, une fois on se réveille.
Mais on oublie tout en masturbant et jetant les sèmes partout.
Je ne sais jamais si les rêves dominent plus tard ce que nous appelons existence ou l’existence est plutôt un rêve dont on ne peut jamais sortir.
Jour après jour, on accepte les visions qui tombent sur nos têtes comme un ver de terre pourri comme des vers mal compris comme des éclairs de nuit,
mais tu me restes toujours irréelle comme
je brûle mes mais car tu es un grand feu des cieux auquel je n’ai point d’accès.
Goutte par goutte la jeunesse disparaît dans un grand puits d’où la seule sortie est le sable de mon tombeau.
-Viens, sors de la terre, couche-toi près de moi.
-Tac…
-Puis-je t’embrasser sur ta bouche ?
-Mais te lèvres sont pourries, tu étais rongé trop long par des vers.
-Tu crois ?
-Oui, tu étais mort depuis longtemps.
-Mais les passions sont vivantes.
-Tu leur as donné une autre vie.
Et tu disparais comme un nuage atomique en me jetant une rose comme souvenir d’adieu.
5 (155)
La petite mésange était morte sur la neige.
C’est là que je l’ai trouvée le matin.
Elle est morte.
Tu le seras aussi.
Un jour.
Ou l’autre.
6 (156)
Les jours qui passent ne brisent pas
le cercle du Temps
mais bâtissent le Temple
de l’Eternité sans Temps
sans regards ni souvenirs
je regarde comme tu regarderais
la nuit à travers une boîte de miel
où rien n’est visible,
mais où tout paraît clair,
où tout est si délicieux
que tu ne veux plus abandonner cette cécité sucrée.
On raconte des histoires folles
de ceux qui sont venus après la minuit
pour arracher des couvertures pour geler
les victimes dans leurs bras de fer.
J’attends le feu vert.
7 (157)
Si j’ose un jour rêver de toi
tu n’entendras pas
l’odeur de mes rêves
et je te dirai qu’il n’y a plus de questions sauf celles
que tu t’auras posées toi-même.
Il n’y aura non plus d’autres réponses sauf celles
aux questions rhétoriques.
Mais si j’osais un jour sentir ta peau sous mes doigts
tu ne sentirais jamais mes caresses tactiles.
8 (158)
« Le laideron de la famille Dupont s’est poisonné dans la grange !
Enfin !
La fin !
Crin-crin ! »
criait tout village endimanché.
« Hourra ! Il s’est poisonné ! »
Mais le laideron n’a plus pu supporter les folies
et le traitement avilissant auxquels
tout son clan l’exposait.
Las de la vie,
un peu faible d’esprit,
il a bien compris
ce qu’il allait faire
et n’avait un moindre regret.
Il choisissait entre la poison et le plaisir
de se casser le cou avec un croum-croum appétissant.
Mais il a choisi la poison.
Pauvre laideron.
Il avait une déesse avec qui il voulait enfin se rencontrer dans le ciel.
Qui sait, peut-être son rêve s’est matérialisé.
9 (159)
Je veux m’enfoncer dans le puits…
C’est là que je te trouverai un matin.
J’y serai aussi.
Un jour.
Ou l’autre.
10 (160)
Il n’y a plus de temps de penser à ceux
qui vont apprécier ce que tu fais
Les milliers des voix ce sont entremêlés
et tu demeures toujours entre la poire et le fromage
Tu te crois prononcer des vérités ultimes,
ne sais-tu pas que tu répètes toujours des propos banals
Qui étaient déjà dans les siècles avant toi.
Comme, par exemple, celui-ci.
11 (161)
Le jour où tu seras parti ne te donnera rien,
Le jour où tu seras parti sera celui dernier de ma vie car ce ne sera qu’un désert absolu qui va régner dans mon existence,
Les derviches qui danseront à la lumière des hôtels ne seront que des fraudes qui n’existent jamais et qui ne l’étaient non plus.
Je ne suis plus sûr que la seule détermination qui existe est celle de ce qui est dans ma tête dans ma mémoire dans mes pensées et désirs
Je ne suis plus sûr que je vais t’embrasser un jour.
Je suis sûr que rien ne va pas se passer plutôt car ce que j’attends et ce que j’aspire
Se tarde de venir
Et ce dont je ne pense point,
M’embrasse et me prend dans ses bras.
Que puis-je faire
Au milieu d’un désert
Où il n’y presque personne sauf un sourire que je vois comme un mirage.
12 (162)
Quelle sera la décision:
De partir ou de rester ainsi que je suis?
Quelle sera ta réponse:
De me jeter à la porte ou de m’ouvrir les bras
Est-ce que tu me diras que je suis
Ingrat
Qui n’a plus aucun droit
D’être près de toi?
Je n’en sais rien et je ne saisis rien car je ne comprends pas du tout où l’on va et où l’on veut finir le chemin terrestre qu’on avait commencé il y a le moment où nos pères et nos mères se sont embrassés pour nous donner la vie.
13 (163)
Une ville de mer qui ne s’arrête jamais
Ni le petit matin
Ni l’après-midi de la sieste où il faut penser à autre chose que parler et manger
Et avoir du sexe
Cette ville où l’on s’est rencontré ne nous verra plus jamais ensemble
Parce que quand je plonge dans cette vie sans règles
Où je peux conduire où que je veuille et comment que je veuille,
Je comprends que c’est plutôt pour toi que pour mois
Les vitrines les arabes parlant moitié russe moitié anglais
Cherchant à t’embrasser et te faire acheter quelque chose avec des gestes d’amitié
Non et oui
Je veux rester et partir je veux vivre et mourir
je veux vaincre et je veux être vaincu par des grasses (переулочки) et des rues
Par la langue et les gens sans penser que demain
On ne se reverra plus jamais.
Aurait-on encore quelque autre plaisir que le plaisir de s’être compris après de longues heures de pourparlers et des recherches de cette compréhension
Tant de bière et de café que nous avons bus
Tant de rêves que nous projetons mais qui se réaliseront
Dans des vies des autres
Peut-être
Qui seront des phares dans des vies de ce qui vont saisir les bouts de nos paroles pour nous prendre les idées qui nous étaient venues avec tant de peine à la tête et que nous reconnaissions comme les nôtres
Que faire telle est la vie que nous ne verrons jamais les fruits que nous avions semés autrefois en buvant du café sur cette petite terrasse.
14 (164)
Laisser les impressions couler à travers la conscience tout comme c’était l’eau qui coule par les tubes dans nos lavabos
Ce n’est qu’ainsi qu’on peut réellement comprendre le plaisir d’essayer de faire quelque chose des idées qui brodent dans nos têtes, d’essayer de trouver la solution au plus abstrait, de conceptualiser ce qui paraît maintenant quelque chose d’éloigné et d’inatteignissable.
Ce qu’on cherche, c’est de parler au plus net, sans trop perdre les mots,
C’est de travailler son esprit pour lui donner du travail spirituel et de le faire vivre à chaque instant de façon comme si tu allais mourir dans dix minutes
Vivre la vie à mille pourcent
Mais qui le peut
Je n’en sais rien
Je ne puis
C’est vrai
Je ne mens pas
15 (165)
Le sort qui t’attend n’est pas du tout déplorable.
Il est tout simplement celui qui t’attend
Il faut tout simplement essayer de prendre tout ce que tu peux du moment donné
Et toujours savoir que la Mort t’attend derrière chaque coin.
C’est impossible d’échapper à elle,
C’est impossible de faire des négociations,
Il faut vivre comme si c’était le dernier jour de l’existence de toute la planète.
16 (166)
Les étoiles sont les mêmes partout.
C’est ton regard qui les perçoit différemment.
C’est ce que tu percevras un matin.
Je le ferai aussi.
Un jour.
Ou l’autre.
17 (167)
Il y a des nuits et des nuits
Après lesquelles il n’y a plus de retour à la vie
Que tu menais avant.
Ce serait un haïku
Mais pour en faire un haïku dédoublé
je dédouble les lignes
18 (168)
chardon à la main,
je chemine à peine dans tous les rayons de ma vie et dans tous les directions sans bien connaître laquelle je choisirai avant de plonger dans cette eau douce et sans passions
ou plutôt je choisirai de m’adonner au feu dans lequel tu verras les taches de lumière que tu mêleras avec la terre ou avec les souvenirs qu’on ne pourra pas enregistrer
être seul dans le monde comme la voix du violoncelle dans la distance est pire que d’être assistant technique sur n’importe quelle fête où personne ne t’attend et ne te remarque
qui se traîne sous la terre ne trouve presque jamais de sortie qui pourrait te servir comme issue de la vie et laquelle te garderait comme enfant qui tient sa mère par la main
tu n’est qu’un petit être difforme qui boit de l’eau dans les flaques de la ville qui reflète l’insuffisance surtout quand les étoiles trahissent les rêves qu’elles t’avaient donnés avant leur naissance
les rêves ne s’accomplissent que quand tu les oublie sans les oubliant
les rêves ne s’accomplissent que chez ceux qui n’attachent aucune importance à la vie et à la réalité
dans l’Histoire on ne trouve la réponse que pour soi-même
dans l’Histoire on ne trouve la réponse que pour soi-même
même les idiots te répondraient que le thé préparé n’aura plus d’importance quand tu ne pourras plus coucher avec qui tu aimes
coucher embrasser regarder caresser jouir avertir des dangers et des autres passages vers l’autre monde
qui cherchait la porte de Tarkovski ne la trouvera pas parce que Cocteau était passé par là il y a des années
et je ferme mes yeux pour crier à la vie que je suis seul devant une feuille blanche et que j’ai cette peur agaçante d’aller au lit grand et froid que tu avais quitté je ne sais pas quand et pourquoi
je me penche devant cette feuille
chardon à la main
19 (169)
irréférentielle et sublime
elle résonne à chaque instant dans mes oreilles et je ne sais de quoi vous parler
la musique sans images et en même temps pleine d’images
que l’on ne verbalisera jamais
tandis que les couleuvres ne sont pas dangereux
dangereuses sont tes pensées de la couleuvre que tu a capturée dans la séquence des sons que l’on trace sur le papier de musique
j’écris tous ce que je pense parce que je n’ai plus d’autre choix car je n’ai pas de génie
on veut se sembler exclusif
mais on n’est plus capable de se fixer dans le monde où règne l’éphémère et où on n’est plus attendu nulle part
à chaque mot on trouvera un contre-mot qui te tuera et tuera ton désir
comme Brutus tuant sont ami
tu attendras un coup de couteau dans le dos pour ne plus déplier les ailes et pour ne plus croire à ton omnipotence
qui peut renseigner où se cachent les nuages qui frissonnent dans les cieux que toi et moi nous voyons de tous les bouts de la terre ?
20 (170)
On est toujours au bout d’une crise de la conscience qui reflète tout ce dont tu penses.
Mais cette fois-ci je ne deviendrai plus rien qu’une simple obsession qui va régler ta vie jusqu’au dernier soupir.
Les reprises ne te donneront rien du tout : même si tu recommences chaque matin à vivre à perfection, tu ne verras jamais la fin du tunnel.
Plonge-y donc et n’en ressorts jamais. C’est inutile.
Ce tunnel t’aidera à te mieux comprendre en posant plus de questions que jamais.
Plus de soleil, plus de balances, plus de limousines, plus d’argent. Tu n’as plus besoin de rien.
Même l’amour est sans conséquence.
21 (171)
Le train va vers le loin,
c’est le vent septentrional qui nous accompagne
et le cliquetis des roues faire dissiper nos rêves que nous avons faits en vain
sans connaître qu’un conte n’est jamais éternel
Va vers le loin,
ô train de minuit
fais-moi oublier tout ce que j’ai tant chercher à dissoudre dans les cieux nocturnes.
22 (172)
Nul ne sait d’où vient l’inspiration
qui sait, mais c’est en solitude et en rêverie de souffrance que naissent les meilleures images qu’on ait jamais connues.
Ne me fais pas retourner vers ce que nous avons connu avant,
mais cela m’est nécessaire pour mon développement.
On oublie vite les jours et les semaines heureuses et le spleen envahit facilement
si le chemin ne m’appelle pas vers l’infini
23 (173)
Ne pas contrôler ce que tu penses,
faire traverser ton esprit par des milliers des idées,
faire ouvrir le tuyau pour capter le maximum de ce qu’on peut captiver avant la Fin.
La fin est prévisible, mais personne ne l’attend tout en gaspillant l’existence qu’on doit utiliser pour se perfectionner.
La vie est un cercle dont on doit savoir sortir si c’est possible.
Si l’on en ressort, on y rentrera plus tard, mais sans moindre inconfort.
24 (174)
Les liens se perdent,
l’enchantement est mortel comme tout ce qui est mortel
aussi sérieusement essaie-t-on de parler des choses abstraites comme des choses immortelles.
N’y plonge pas ta fortune,
surtout ne crois pas que ce que tu as tu as trouvé y est venu pour à jamais dormir dans tes bras.
Quand tu regardes des jeunes amants s’embrasser dans les rues,
c’est le rire qui t’envahit
car tu passais à travers le même.
Avant.
Mais tous les amants
sont finis.
Il n’y a plus de désir sauf celui qui t’évoque un sourire sarcastique
et cynique.
25 (175)
Débloquer la conscience est la première chose pour se voir illuminé et éveillé
La conscience que tu bloques ne te fait pas voir les solutions adéquates des problèmes si Communs et banals qui viennent jalonner notre vie
Comme des jours et des nuits
C’est ton regard quand même qui les percevra différemment.
C’est ce que tu percevras un matin.
Je le ferai aussi.
Un jour.
Ou l’autre.
26 (176)
créer avec quelqu’un est ce dont je rêve
créer et se voir applaudis ensemble avec quelqu’un qui a fait tes idées vivre
qui tu as aidé à naître ses idées latentes et cachées :
y a-t-il quelque chose de plus absolu que la création et l’amour réunis en un seul extase où s’entremêlent toutes les perfections et imperfections
toutes les jalousies et prétences,
tous les jours et toutes les nuits
c’est la seule création qui peut vivre réellement
Dieu a conçu la dualité de création :
l’homme et la femme passent ensemble une nuit
pour créer leurs enfants
27 (177)
je verrai mes oiseaux s’envoler vers l’Infini
où l’ouverture de toutes les œuvres connaît à peine sa limite
là où les pays et régions limitrophes ne sont que des autres Infinis
que mal connaissent les autres
la limpidité luit à travers les branches de cristal
et une louve immémorable nourrit les fondateurs de Rome
28 (178)
dénouée de sens la vie continue son cheminement vers la fin
on ne parle plus de la fin de l’homme
la fin de notre planète est visible déjà
comme une tornade blanche la dernière trompette vous sonnera à l’oreille
et l’incontournable fatum chantera sa dernière chanson
morne silence va régner au-dessus des villes plongées dans l’obscurité primordiale quand l’électricité s’éteindra à jamais
les caves et les tombeaux vont s’ouvrir pour
jouir
la fainéantise noiera dans les ténèbres des pensées qui n’appartiendront plus à personne
et le collapse sera le tien
29 (179)
je tends les mains et je palpe tes cheveux qui comme une mélodie fougueuse ruisselaient par tes épaules me rendant toujours fou me faisant toujours te désirer de plus en plus
mes souvenirs interloqués et décontenancés sous mon crâne me dressent des images insolentes quand je te pressais contre ma poitrine en dépit des désirs des autres qui étaient toujours contre
tu étais toujours à craquer et je ne pouvais jamais te craquer mais c’étais toi mon croque-mort involontaire
pas de relâchement de ma souffrance
pas des événements sur mon horizon pour éclipser le soleil de ton sourire et la pluie de ton adieu quand j’ai compris que tu étais peut-être unique dans ma vie
mes aveux intempestifs te feront rire
mais je pleure ce soir morose et lugubre d’automne
c’est un printemps demain
c’est bien possible
mais pas des nuits débridées m’attendent
sans toi
30 (180)
Traduction – pour en finir légèrement avec le cycle comme tel : les Russes reconnaîtront facilement le texte initial
Une fois pendant un vernissage,
Je vous rencontre – quel virage :
On est à deux, mais pas ensemble.
Ce vernissage qui nous inspire –
Mais je ne suis que vos sourires :
On est à deux, mais pas ensemble.
Je sollicite une salvation
Et je nouris mes illusions :
On est à deux, mais pas ensemble.
Je ne capture qu’une seule idée :
Je suis au bout de vous aimer…
On est à deux, mais pas ensemble.
Oh vernissage ! oh vernissage !
Oh quel portrait ! oh quel paysage !
Soirée d’hiver ! chaleur d’été !
Venise dans toute sa beauté !
Oh vernissage ! oh vernissage !
Oh quel portrait ! oh quel paysage !
Quelqu’un d’profil, quelqu’un d’en face,
Je vous regarde : c’est plus tenace !
Ma confusion et ma stupeur,
Mes rêves de nuit que j’sais par coeur :
On est à deux, mais pas ensemble.
Toute ma lumière, en espérant,
Je vous cherchais pendant des ans :
On est à deux, mais pas ensemble.
Oh vernissage qui nous torture,
Vous n’êtes pas seule – ah, quelle blessure :
On est à deux, mais pas ensemble.
Dans cette grande exposition
Il n’y a qu’une chose en exception :
On est à deux, on est ensemble.
LA FIN FINALE DES CRISTAUX COMME CYCLE
11 November 2010. — Moscow (Russia)