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Qatar p’tites pièces

Les rôles interprétés pendant la première par :

I

Jacques Chauvigny – Daria Doubrovina

Jean Depoiles – Olga Starkova

III

Clarine – Tatiana Markina

Mireille – Hélène Moïssééva

Vieux Juif – Daria Chéchénina

La seconde a été défendue par la censure de la facultéI

DRAMATIS PERSONÆ

Jean Depoiles, poilu et mal rasé

Jacques Chauvigny, chauve comme un crapaud

Entre Jacques en portant un colis.

Jacques. Délire ! délire ! Pour la première fois dans ma vie, seul ! Quel horreur que la solitude dans ce grand lit froid et menaçant ! quelle horreur des matins qui commencent à contresens ! J’ai récolté tous les cauchemars que ma femme m’a laissés… Oui… Où est-elle ? pourquoi me quitter si brusquement ? par quelle goétie est-elle ensorcelée ? pourquoi pas de clémence ni pitié ? Définitivement, homicide sans tuer !

Pose le colis sur la table. Regarde autour de lui.

Seul… désormais seul… Mais je l’aimais ! (S’adressant au public.) JE L’AIMAIS !

On frappe à la porte.

Oui ?

Entre Jean.

Jean. (A part.) Qu’il est mochard dans ce costume idiot ! (A Jacques.) Quoi de neuf ? Tout va bien ?

Jacques. Oui, à peu près…

Jean (en s’approchant de la table, avec une mine de dégoût). Béééé ! C’est quoi cette gniole que tu bois ?

Jacques (en hâte). Rien du tout… Tu sais, ma femme m’a quitté sans m’avoir donné des raisons. Tu crois elle ne m’aimait pas ?

Jean. Mais si, si, elle t’aimait. Surtout ton hallux gauche.

Jacques. Pourquoi les femmes quittent-elles les hommes ?

Jean. Ah, plein d’absurdités ! Il y a ceux qui lésinent sur chaque copeck et ceux qui ne sont pas capables de moindre noèse. Les femmes détestent les premiers, mais adorent les autres. Tu fumes ? non ? certaines femmes le trouvent bizarre, par exemple… Aussi y a-t-il ceux qui prennent trop de médicaments relâchants et ceux qui n’aiment pas la rabiole et les œsophages. La même chose, tu vois ! (Pause.) Aussi peut-elle être jalouse d’un ami, si tu en as un qui te soit trop intime… ex-trê-me-ment intime, dirais-je… Tu comprends ?

Jacques (furieux). Ménage tes expressions ! Que veux-tu dire ?

Jean (en hâte). Rien du tout, mais rien du tout ! Je veux dire que toute une gamme des raisons existe.

Jacques. Ah oui ?

Jean. Oui.

Silence. Jacques regarde son anneau de noces sur le doigt.

Jacques. Plus utile, cet anneau. Et comment est-ce que tu sais que ma femme vient de me quitter ?

Jean. Mais c’est le secret de Polichinelle ! Tout le monde en parle dès le matin ! Tu as vu les nouvelles ? On a annoncé : « La femme de Jacques l’a quitté ! » Et on chantait « Ta Katie t’a quitté » !

Jacques. Tu n’as pas par hasard surdosé la jusquiame dans ta tisane hier ? Arrête tes conneries !

Jean. Tu veux trop. Les conneries me sont vitales comme un kabic par temps de soleil. Ou comme un peu de bon sexe le soir. Avec un yeti ou un koala, au choix.

Jacques. Ah oui ? c’est vachement intéressant… c’est depuis quand que tu es si franc avec moi ?

Jean. Tu tiens ce colis comme un trésor. Détends-toi. La vie continue.

Jacques. Mais ma femme…

Jean. Tu en trouveras encore une.

Jacques. Mais qu’est-ce que tu racontes ? Si tu la voyais au lit… elle me passionnait tant. Ses caresses étaient si incitantes. Quoiqu’elle souffrait d’une dysurie spastique constante… Qui est-ce qu’elle va passionner maintenant ?

Jean. Je le connais.

Jacques (en se jetant vers Jean et en le saisissant par le collier). C’est qui ce voyou ? Je lui casserai la gueule si je le vois.

Jean. Ne te monte pas le babarot, hein ? Il te tordra comme une corde et mitraillera après. Tu liras la lettre ou non ? (Montrant un vif intérêt.) C’est quand même intéressant ce qu’il y a dedans !

Jacques. Mais ça ne te regarde pas, peut-être ! Mais… (Lit.) « Mon ex-chéri… » Bon commencement. Très optimiste. « Je devais te quitter pour quelques raisons que je ne vais pas te donner, car tu étais toujours trop con pour les comprendre, et tu ne cesses de t’abêtir. Si tu prétends que tu me comprendras, tu apprécieras mon cadeau d’adieu. Bonne chance. » C’est quoi ce bordel ?

Jean. Ce n’est pas un bordel. Loin de ça. C’est un rasoir. Un très bon rasoir, je te jure. Du producteur ek-sell-lant !

Jacques (enragé). Tu te moques de moi, quoi ! Va-t’en !

Jean. Eh bien, pas de problèmes. C’est avec plaisir que je ne verrais plus ta trogne. (Se dirige vers la porte.) Mais tu regretteras un jour, prends-en de la graine !

Jacques (toujours en rage). Ogre ! Nigaud ! C’est ainsi que tu es mon ami maintenant ? Au lieu de compassion tu me proposes un tas d’injures et de foutaises ? D’ailleurs, je ne peux toujours pas comprendre les raisons pour lesquelles elle m’a quitté !

Jean (se retournant vers lui, posant la paume sur la poignée de la porte). Ah oui, c’est pour ça que je suis venu, pour t’expliquer ! (Son visage s’éclaircit soudainement. Il parle avec un plaisir visible.) Elle t’a quitté parce qu’elle n’aime pas les poitrines chauves. Les jambes lisses non plus ! Et tu les rasais trop souvent ! (En fouillant dans sa poche dont il retire un petit anneau.) C’est aussi à toi. Ton anneau de mariage. Ma femme regrette qu’elle doive te le remettre. Et n’oublie pas, c’est yom kippour demain. Purification et tout ça. Bonne soirée.

Exit.

— — — — — — -Rideau- — — — — — — 

II

DRAMATIS PERSONÆ

Voyageur

Perroquet

Les jungles. Les lianes partout.

Voyageur (en se déblayant la route). Un voyageur ainsi expérimenté comme je suis, et perdre le chemin, c’est bête ! Encore ces lianes ! Ça commence à m’énerver ! Personne ne me croira ! si je retrouve le sentier, bien sûr… Et j’ai lu tant de livres et tant joué sur l’ordi ! j’ai mangé tant de chocolat et coupé tant de gorges dans les rues ténébreuses de ma ville natale ! mais qu’est-ce que c’est ? il me semble que j’entends déjà le glas obituaire ! c’est pour moi ? pas trop tôt ? (En hystérie.) Non, non, non, non ! Je ne veux pas rejoindre mes aïeux déjà ! Si ça ne finit pas, je vais… je vais pleurer. Ici même !

Monte ses yeux pour pleurer, mais s’arrête ébloui. Il voit un très beau Perroquet perché sur une branche.

Wow ! Un perroquet ! Je croyais toujours qu’ils vivent dans la toundra. IN-CRO-YA-BLE ! (Au Perroquet.) Salut !

Perroquet. Salut !

Voyageur. Un perroquet parlant français !

Perroquet. Un perroquet parlant français !

Voyageur. C’est quand même étrange !

Perroquet. C’est quand même étrange !

Voyageur. Impossible qu’un oiseau parle et comprenne !

Perroquet. Impossible qu’un oiseau parle et comprenne !

Voyageur. Il me semble que tu répètes tout simplement tout ce que je dis.

Perroquet. Il me semble que tu répètes tout simplement tout ce que je dis.

Voyageur. Ah voilà ! Ce qui était à démontrer !

Perroquet. Ah voilà ! Ce qui était à démontrer !

Voyageur. C’est amusant malgré tout, même dans une situation si triste que la mienne !

Perroquet. C’est amusant malgré tout, même dans une situation si triste que la mienne !

Voyageur. Trou-la-la !

Perroquet. Trou-la-la !

Voyageur. Para-para-pa-pou ! Fana-frouba-dou-boulou !

Perroquet. Para-para-pa-pou ! Fana-frouba-dou-boulou !

Le Voyageur commence à faire des grimaces. Le Perroquet les répète, mais ce n’est que le Voyageur qui s’éclate d’un rire de plus en plus malsain. Le Perroquet reste réservé.

Voyageur. On s’amuse ! on s’amuse ! On y danse ! on y danse !

Perroquet. On s’amuse ! on s’amuse ! On y danse ! on y danse !

Voyageur. On ira où tu voudras quand tu voudraa-a-a-a-a-a-a-as !

Perroquet. On ira où tu voudras quand tu voudras !

Voyageur. Cher ami, je suis navré de t’avouer que je suis difficilement collable en matière de la viande, alors, ma variante était la bonne. On mangera un albatros la veille de ton départ pour un périple ! Mais il me voulait vendre ce blouson pour un prix exorbitant !

Perroquet. Cher ami, je suis navré de t’avouer que je suis difficilement collable en matière de la viande, alors, ma variante était la bonne. On mangera un albatros la veille de ton départ pour un périple ! Mais il me voulait vendre ce blouson pour un prix exorbitant !

Voyageur. Ha-ha ! Apocalypse Today !

Perroquet. Apocalypse Today !

Voyageur. Ah ne me dites rien ! Vous m’avez blessé le cœur, et je ne vous appartiens plus !

Perroquet. Ah ne me dites rien ! Vous m’avez blessé le cœur, et je ne vous appartiens plus !

Voyageur. Le rendez-vous des ministres est projeté pour demain dans l’Hôtel Matignon…

Perroquet. Le rendez-vous des ministres est projeté pour demain dans l’Hôtel Matignon…

Voyageur. R-r-r-r-r-r-r-r-r ! Chou-ou-ou-ou-ou-ou-ou-ouffff !

Perroquet. R-r-r-r-r-r-r-r-r ! Chou-ou-ou-ou-ou-ou-ou-ouffff !

Pause soudaine. Regarde le Perroquet attentivement.

Voyageur. Bon, tu comprends, je commence à m’ennuyer déjà avec toi, je dois reprendre mon chemin…

Perroquet. Bon, tu comprends, je commence à m’ennuyer déjà avec toi, je dois reprendre mon chemin…

Encore un pause, pendant laquelle le Voyageur reprend son chapeau et, tout étouffé, le remet sur la tête. Regarde en haut.

Voyageur. Que tu es stupide quand même, pauvre petite bête !

Perroquet (s’envolant). C’est une question de litige.

Le Voyageur demeure muet, bouche largement ouverte.

— — — — — — -Rideau- — — — — — —

III

DRAMATIS PERSONÆ

Mireille

Clarine

Vieux Juif

Un maigre morceau de pain sur une assiette sale au milieu d’une table délabrée.

Clarine et Mireille se regardent obliquement et avec hostilité par-dessus l’assiette posée sur la table. Le Vieux Juif est debout de côté, les observe avec un ricanement constant.

Clarine. C’est à ce petit morceau que tu tiens ? Donne-le-moi, sauve-moi la vie pour que je puisse émettre le clair nivéen comme toujours ! Toi, tu n’en as pas besoin comme moi !

Mireille. Absurde ! Qui t’a dit ça ? Pourquoi es-tu si prompte à décider que je n’ai pas le même droit de survivre ? Ce que tu es plus pâle que le soleil qui se couche n’est pas encore suffisant pour manger le dernier morceau dans l’épicerie !

Clarine. Mais ce morceau n’est rien !

Mireille. Et à la fois, c’est tout ! N’est-ce pas, Monsieur ?

Juif. C’est discutable, vous voyez. Quand on paie en or, oui, tout à fait. Mais on n’a pas payé en or, donc, ce morceau ne vaut rien. Vous avez ap-so-lu-man raison.

Mireille. Comment ça ? Vous voulez dire que je dois céder mon dernier espoir à cette petite grue de porte cochère ?

Juif. Que vous êtes quérulentes, vous deux ! Je n’en sais rien, mais vous pouvez acheter encore du pain chez moi à vil prix ! J’en ai exubéramment !

Mireille. Bien, d’accord, mais je dois avant tout recevoir ce qui est le mien par définition !

Clarine. Qu’est-ce que tu racontes ! Tu dois survivre ? Pour quoi faire ?

Mireille. J’ai des arbres qui poussent sur ma nuque, ils ont besoin du champagne que je leur produis chaque minuit !

Clarine. Et moi, j’ai le clair de lune que je multiple en le jetant sur les rails des chemins de fer chaque soir. Tu peux imaginer la vie sans ce clair de lune dans tes miroirs ?

Mireille (avec dégoût). Bœ-œ-œ-œ-œ-œuf ! clair de lune ! bah ! (Enragée.) Ras le bonbon de tes sottises ! On pourrait s’en passer très bien. Mais se passer du champagne pour les arbres de ma nuque…

Elles commencent à contourner la table en entrant en rage de plus en plus. Vers la fin de la pièce, elles se trouvent de côtés opposés par rapport à leurs positions initiales.

Mireille. Quoi que tu dises, tu me le donneras. A fortiori il n’est pas à toi !

Juif (essayant d’intervenir, mais personne ne l’écoute). Excusez-moi…

Clarine. Oui, mais à seule condition que tu viennes chez moi à travers les brumes de l’année passée ! et tu m’apporteras du daïquiri dans un bol chantant !

Juif. Ecoutez…

Mireille. Le bout est définitivement à moi ! pas à toi ! ne vois-tu pas comme je suis émaciée ! fiche-moi le camp et va-t’en mourir quelque part, je ne veux pas voir comme tu meurs, je m’en fous !

Juif. Voulez-vous… ?

Mireille essaie d’attaquer l’assiette.

Clarine. Non ! n’y touche pas, roulure des égouts !

Mireille. Chienne sale !

Juif. J’ai plein de pain dans mon épicerie…

Mireille. Monsieur, allez-vous-en avec votre pain, c’est le mobile de lucre et pas la compassion qui vous meut, et d’ailleurs, elle m’a traitée de roulure des égouts.

Juif. Elle n’a pas raison ?

Clarine. Oui, j’ai raison, j’ai raison, j’ai raison, j’ai rayon, j’ai région, j’ai bonbon, j’ai bûcheron ! Le pain est à moi !

Juif. Attendez, vous deux goinfres insatiables !

Mireille attrape le pain avec un air victorieux.

Mireille. Ce que je disais ! il est à moi, le morceau !

Elle approche le bout vers ses lèvres, mais ne le touche pas.

Qu’il paraît délicieux ! Toi, vocifératrice nocturne, chante ta dernière heure ! tu vas mourir !

Clarine. Non ! tu ne me priveras pas de cette chance de survivre, tu ne rendras pas le monde orphelin sans mon clair de lune ! (Se met sur ses genoux. Sa voix s’affaiblit.) Donne-le-moi. (Tend les mains vers Mireille.) Donne-le-moi… ne tue pas une Clarine inarmée !

Mireille (d’un ton indigné). Ah pauvre bête pathétique ! S’humilier tant pour un morceau de pain ? Tiens-le donc. Pécore des pécores.

Elle jette le morceau dans la poussière devant Clarine qui attrape le morceau et l’avale avidement. Clarine et Mireille se regardent fixement, regards pleins de lueur haineuse.

Juif (à Mireille). Ça y est ? Je ne croyais pas qu’on se débarrasse si facilement d’elle et de ses troches de lune dont j’ai déjà ras le bol.

Clarine les regarde, stupéfiée.

Mireille. C’est quand même marrant de voir cette créature imbécile s’humilier pour qu’on lui donne un bout de pain empoisonné ! Elle est si sotte ! Supplier sur les genoux ! s’avilir ! s’empoisonner de bonne volonté ! quelle cécité !

Clarine, toujours agenouillée, s’appuie sur le pied de la table. Ses yeux s’offusquent avec une sorte d’écume.

Clarine. Salope… Ordure…. Canaille… Gre… (Meurt.)

Juif. Mes félicitations, ma chère. Encore une. (S’adresse à Mireille.) Et toi, veux-tu du pain ?

— — — — — — -Rideau- — — — — — —

IV

DRAMATIS PERSONÆ

Vice-Président

Premier Ministre

Gendarme

Près du tunnel d’où apparaissent les wagons pleins d’or. Vice-Président et le Premier Ministre les comptent méditativement.

Vice-Président. Vingt et un.

Premier Ministre. Vingt-deux.

Vice-Président. Vingt-trois.

Premier Ministre. Vingt-quatre.

Vice-Président. Vingt-cinq !!!

Premier Ministre. Vingt-six.

Vice-Président. Vingt-sept.

Premier Ministre. Vingt-huit.

Vice-Président. Vingt-neuf.

Premier Ministre. Trente !!!

Vice-Président. Trente et un.

Premier Ministre. Trente-deux.

Vice-Président. Trente-trois.

Premier Ministre. Trente-quatre.

Vice-Président. Trente-cinq !!!

Premier Ministre. Trente-six.

Vice-Président. Trente-sept.

Premier Ministre. Trente-huit.

Vice-Président. Trente-neuf.

Premier Ministre. Quarante !!!

Vice-Président. Quarante et un.

Premier Ministre. Quarante-deux.

Vice-Président. Quarante-trois.

Premier Ministre. Quarante-quatre.

Vice-Président. Quarante-cinq !!!

Premier Ministre. Quarante-six !

Vice-Président. Quarante-sept !

Premier Ministre. Quarante-huit !

Vice-Président. Quarante-neuf !

Premier Ministre. Cinquante !!!

Vice-Président. CINQUANTE-ET-UN !!! Ouf !

Premier Ministre. Que j’effondre si ces cinquante et un wagons pleins d’or ne sont pas à nous !

Vice-Président. Mais bien sûr !

Premier Ministre. C’est super joli, joli, joli ! (Danse frénétiquement de joie.) Mais que nous sert tout cela quand même ? qu’est-ce qu’on va faire de tout ce trésor ? où le gaspiller ?

Vice-Président. T’es fou, non ? Tu pourras paver les sentiers de ton jardin en plaques d’or, pourquoi pas, quel joli fantasme ! tu vas faire la bamboula ! tu noieras dans la paillardise !

Premier Ministre. Oui, je vais bâtir un petit appentis secret au bord de la mer, j’y ferai des orgies : les meilleures danseuses et stripteaseurs que je ferai venir de l’Asie, ah, je ferai tant de choses !

Vice-Président. Et moi, je commanderai une chambre dans le meilleur hôtel de Los Angeles et, moi aussi, je ferai la nouba en racontant à tout le monde comment tu as pu duper notre Président chérissime !

Premier Ministre. Aïe ! Je te savais toujours n’ayant ni foi ni loi ! À quel point tu es perfide quand même ! Il faut te rabaisser la crête un peu ! Tu es un petit morceau de… de…

Vice-Président. C’est toi qui es un petit morceau de cette substance. Tu as volé l’argent et maintenant tu veux dire que c’étions nous deux qui l’avons fait !

Premier Ministre. Ah oui, tu ne veux pas porter le fardeau de ce vol, tu veux m’accuser.

Entre gendarme.

Gendarme. Messieurs !

Premier Ministre et Vice-Président. Punaise !

Gendarme. Mais pas du tout ! Ce n’est pas ma fonction directe ! Mais si vous ordonnez, je cumulerai !

Vice-Président. Ah oui ? Plat comme une punaise… avec ce ventre que tu as… c’est où que tu l’as engraissé ainsi ? (Tape le gendarme sur le ventre.)

Premier Ministre (au Vice-Président). Mais tu sais à quoi bon il est venu ?

Vice-Président (choqué). A-ah !

Gendarme. Que non !

Vice-Président. Il est venu… il est venu… venu… pour… (Etouffe.)

Gendarme. Oh que non !

Premier Ministre. Il est venu… pour nous… Vade rétro satana ! vade rétro ! (Etouffe.)

Gendarme. Messieurs, je suis venu pour vous annoncer que…

Vice-Président. Ah, ne continuez pas ! foi punique ! on a tout compris sans paroles ! (Au Premier Ministre.) Hé, toi ! on est foutu ! faut décamper !

Premier Ministre (tristement). On est foutu… faut décamper… Et je rêvais tant de vivre un peu !

Gendarme. Non, non, vous allez mourir de joie !

Ne l’écoutant point, le Premier Ministre et le Vice-Président se prennent par la main et se jettent dans la mer.

Gendarme (en s’approchant du bord de la falaise). Noyés ! noyés ! deux pauvres faisandeaux crétins ! Et je suis venu pour leur annoncer que j’avais volé encore quatre wagons, pleins de diamants cette fois. (Réfléchit un instant.) Mais que cela veut dire ? Ah ! (Une idée soudaine lui éclaircit la conscience.) Tout cela m’appartient uniquement ! Je vais être au faîte de ma gloire gendarmique ! Ah ! ah ! oh ! ouh ! (Etouffe.) Je… je… je vais mourir de joie moi-même ! de l’appendicite ! de la tachycardie ! et il ne faudra plus soigner mon cancer ! ah ! ce que je suis chanceux ! je vais… vais mourir… de joie !

Pose la main sur le cœur et meurt de joie avec un sourire idiot sur la bouche.

— — — — — -RIDEAU- — — — — — —

30 April 2006. – Nizhny Novgorod (Russia)